Nous sommes en guerre, et en période de guerre, on veut SURVIVRE.
Alors, si on sortait un peu des grandes théories complexes et que l’on essaye d’expliquer les effets actuels de cette pandémie sur nos PME, de manière simple.
Nos PME offrent soit un produit ou un service.
1. Concernant les entreprises qui offrent un produit qu’elles fabriquent ou transforment, il faudrait analyser la chaîne de valeur pour comprendre le réel effet du COVID-19.
Plusieurs points d’attention :
● Le problème d’approvisionnement se pose, pour donner suite à la fermeture des frontières et à la mise en quarantaine et/ou confinement de la plupart des pays touchés par le COVID-19. La production de matières premières et d’intrants se met au ralenti chez les fournisseurs qui parfois sont obligés de stopper toute activité pour répondre aux directives du gouvernement des pays où ils sont établis.
● Dans le cas où la pandémie viendrait à trouver l’entreprise dans sa phase la plus haute de stockage en matières premières, les problèmes de transformation, de conditionnement et de stockage de produits finis pourraient se poser parce que :
▪ Pour la plupart des PME « de produit », la robotisation n’est pas encore très développée, ce qui fait de la main d’œuvre le plus grand des besoins dans la chaîne de production. Faute de moyens financiers et matériels, le tout couronné par une mévente, il devient difficile d’assurer le paiement continu des soldes et d’avoir la capacité de mettre en place un dispositif sanitaire adéquat. A cet effet, il est fort probable de se retrouver dans une situation où l’entreprise est contrainte de mettre tous les « journaliers » au chômage technique créant ainsi un ralentissement du cycle de vie du produit. Ceci causant la baisse drastique de la production.
● Pour celles qui réussissent à franchir les deux étapes ci-dessus avec un stock de produits finis importés ou produits en surplus, une rupture de la chaîne de distribution et de commercialisation se pose.
▪ Pour la vente directe aux ménages : ces entreprises peuvent faire face à plusieurs cas que sont, le manque de moyens des ménages émanant de la mise au chômage du chef de famille, le manque d’intérêt que pourraient avoir ces ménages vis-à-vis du produit car préférant, en ces temps de crise, s’orienter vers des produits de subsistance ou denrées de première nécessité.
▪ Pour la vente aux distributeurs : des problèmes de logistique pourraient se poser notamment avec la limitation de la circulation des véhicules par zone et de l’instauration d’un couvre-feu. Quand la livraison arrive quand même à être effectuée, l’entreprise ne saurait garantir que son distributeur ne subit pas à son tour les effets du COVID-19 (diminution des ventes, augmentation du BFR, etc.).
Voici là, un ensemble de problèmes qui s’abattent sur une seule entreprise étant ainsi sujet de questionnements à plusieurs autres niveaux.
2. Pour les entreprises de service, les défis ne sont pas les mêmes que dans la production, mais les effets de la pandémie n’en sont pas moindres :
● Pour les institutions financières et entreprises qui offrent des services financiers : là c’est l’aubaine ????.
▪ N'étant pas forcément des PME, les entreprises de Telecom et celles émettrices d’e-money font parties de celles à qui la situation actuelle profite le mieux. Les mesures de précaution (télétravail, confinement) développent davantage l’usage des services de téléphonie, d’internet, et des services de paiement mobile.
▪ Concernant celles au chevet de la PME (banques, et autres) : les tensions de trésorerie commencent à se faire ressentir de la part de leurs clients qui, faute de fonds suffisants, affectent les prévisions de recouvrement des prêteurs. L’effet de domino est tel que, les entreprises dont les dossiers de financement sont en cours d’étude dans ces institutions, vont aussi souffrir de la situation. La baisse des recouvrements entraînera ainsi la baisse de la capacité des institutions financières à financer les entreprises.
● Pour les services logistiques :
▪ La baisse de la production des entreprises clientes, impacte de manière inévitable leurs activités. Entraînant ainsi la diminution des livraisons et donc de leur fourniture de services.
▪ Pour les entreprises évoluant dans l’e-commerce : une baisse notable est remarquée au niveau des commandes par manque de moyens financiers de la part des acheteurs qui préfèrent se procurer le strict minimum (pour survivre) pour faire face à la situation qui pour le moment ne trouve pas encore d’issue très heureuse.
● Pour les services de prestations intellectuelles :
▪ Cabinets (comptables, de conseil, de courtage etc.) : avec l’instauration du télétravail, certaines prestations continuent à être effectuées, dans les pays où l’avancée technologique est notable. Ces derniers pourraient cependant être confrontés au problème de paiement de leurs honoraires, du fait que leurs clients soient déjà touchés par la crise liée au COVID-19 affectant d’une certaine manière leur trésorerie.
▪ Ecoles : les frais de scolarité ne seront pas perçus durant toute la période de fermeture par les établissements scolaires et pour la plupart, ne bénéficiant pas de cette avancée technologique permettant l’enseignement à distance, le personnel se retrouvera temporairement au chômage.
Vous qui pensiez alors que les entreprises de services ne sont pas affectées, après lecture de ce qui a été dit plus haut, en êtes-vous toujours aussi convaincus ?
A la lumière de tout ce qui précède, il en ressort que l’effet majeur de COVID-19 pour nos PME c’est le manque de cash en d’autres termes un déficit de trésorerie.
La solution pour y remédier serait de toute évidence une injection de cash au sein des PME.
Pour ce faire, en plus des mesures déjà prises par la BCEAO :
● Les banques et autres financiers pourraient :
▪ Reporter les échéances de paiement pour une durée pouvant permettre à l’entreprise de se relever et donc de survivre ;
▪ Financer le BFR des PME à des taux d’intérêt revus à la baisse, afin de leur permettre de faire face aux charges fixes.
▪ Apporter une aide stratégique au-delà des aspects financiers (Business Support).
● L’Etat du SÉNÉGAL :
▪ Reporter le paiement des charges sociales et des impôts des PME ;
▪ Faire l’état des lieux au niveau de la Caisse de Dépôts et de consignations, de la Caisse de Sécurité Sociale et de l’IPRES, et voir in fine à hauteur de combien ces institutions pourraient contribuer sur les 1 000 Milliards de FCFA annoncés en fonds de solidarité.
▪ Il y aura certes une baisse des recettes de l’Etat, mais il serait judicieux d’injecter les fonds qui devraient servir à rembourser la Banque Mondiale, le FMI ainsi que la BOAD dans ledit fonds de solidarité.
● Les structures d’appui aux PME : démontrer davantage leur capacité à appuyer les PME à travers leurs conseils mais aussi dans le développement des stratégies de résilience et de SURVIE dans cette période de crise.
ELHADJI MALICK SOUMARE
Professionnel de l’Investissement.
Consultant International en PME
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